Et si l’avenir de l’enseignement passait aussi par l’extérieur ? En France comme ailleurs, de plus en plus d’établissements du primaire intègrent des abris pédagogiques en plein air pour offrir aux enfants une autre façon d’apprendre. Cette tendance, stimulée par les enjeux de santé publique et les réflexions sur le bien-être des élèves, prend de l’ampleur. À l’heure où l’on redéfinit les espaces éducatifs, ces structures semi-ouvertes séduisent autant les enseignants que les collectivités.
Une dynamique encouragée par les collectivités
Depuis la crise sanitaire, plusieurs communes ont investi dans la création d’abris en bois, de tentes nomades ou de structures fixes installées dans les cours d’école, les jardins pédagogiques ou les espaces naturels attenants. En mai dernier, le rectorat de l’académie de Nantes a lancé un appel à projets pour développer des classes en plein air. À Strasbourg, Lyon ou encore Montpellier, des écoles expérimentent déjà ces aménagements, souvent cofinancés par les régions, l’Éducation nationale ou les fonds européens.
Au Canada, en Allemagne ou dans les pays nordiques, ces solutions existent depuis des années. La France s’en inspire, en adaptant les modèles à ses réalités climatiques et pédagogiques.
Pourquoi installer des abris pédagogiques extérieurs dès le primaire ?
L’enfance est un moment-clé pour développer la curiosité, le lien au vivant et la capacité d’attention. L’enseignement en extérieur répond à ces objectifs, en offrant un cadre différent, plus stimulant et souvent plus apaisant.
Les avantages des abris pédagogiques extérieurs sont nombreux :
- Favoriser la concentration et réduire l’agitation : en permettant un contact direct avec la nature, ces espaces calment les tensions et réduisent les troubles de l’attention.
- Encourager la motricité et l’autonomie : les élèves bougent plus librement, manipulent des objets, expérimentent.
- Stimuler les apprentissages transversaux : les sciences, les mathématiques, le langage ou les arts plastiques peuvent être abordés de manière sensorielle et concrète.
- Mieux gérer les épidémies saisonnières : en période de forte circulation virale, l’enseignement en plein air permet une meilleure aération et limite les contaminations.
- Renforcer le lien école-nature : dans un contexte de crise environnementale, ces dispositifs sensibilisent les enfants dès le plus jeune âge aux enjeux écologiques.
Quels types d’abris pour quelles activités ?
Il existe différents formats d’abris pédagogiques, adaptés aux besoins et aux budgets :
- Structures en bois fixes : couvertes, parfois fermées sur un ou deux côtés, elles peuvent être utilisées toute l’année. Elles sont durables et intégrées à l’environnement.
- Tentes nomades : de type tipi ou dôme, elles sont montées pour des sessions ponctuelles, souvent dans des projets pédagogiques à durée déterminée.
- Abris modulaires avec mobilier mobile : bancs, tableaux, bacs de rangement, tout est pensé pour s’adapter aux différentes disciplines.
- Serres pédagogiques : certaines écoles combinent abri et jardinage, pour mêler enseignement scientifique et autonomie alimentaire.
Ces abris permettent d’enseigner aussi bien les matières fondamentales (lecture, calcul, écriture) que les activités manuelles, sportives ou artistiques.
Comment intégrer durablement ces abris dans le projet éducatif ?
Installer un abri pédagogique ne suffit pas. Il faut l’inscrire dans un véritable projet éducatif structuré, en collaboration avec les équipes pédagogiques et les élus locaux. Cela passe par :
- Une formation des enseignants aux pratiques d’enseignement en extérieur (gestion de groupe, adaptation des supports, sécurité).
- Un dialogue avec les parents, souvent enthousiastes mais parfois soucieux du confort ou de la sécurité.
- Une adaptation des programmes, pour rendre compatibles les séquences pédagogiques avec les contraintes extérieures (météo, bruit, logistique).
- Un entretien régulier des équipements, pour garantir la durabilité et la sécurité des installations.
Certaines municipalités ont nommé des référents “école dehors” pour coordonner les projets, assurer le suivi, organiser les ateliers et mutualiser les expériences entre établissements.
Quels freins et quelles solutions ?
Malgré l’enthousiasme, plusieurs freins existent :
- Manque de budget pour les structures durables
- Inquiétudes liées aux conditions météo
- Manque de formation des enseignants
- Rigidité des emplois du temps scolaires
Mais ces obstacles peuvent être levés avec :
- Des subventions ciblées (région, État, fonds européens)
- Une implication des associations locales
- Des partenariats avec des architectes ou des entreprises locales
- Des expérimentations pilotes qui servent de vitrine pour les autres écoles
Vers une école plus inclusive et durable
Les abris pédagogiques en extérieur ne se contentent pas d’offrir un nouveau décor à l’enseignement. Ils incarnent une autre vision de l’école : plus inclusive, plus proche de l’environnement, plus attentive au rythme des enfants. Ils permettent aussi d’accueillir des enfants aux besoins particuliers, pour qui le cadre naturel est plus apaisant qu’une salle de classe classique.
À l’heure où les enjeux climatiques, sanitaires et sociaux se croisent, penser une école plus ouverte sur son territoire est un geste fort. C’est aussi une manière de préparer les citoyens de demain, capables de comprendre, ressentir et respecter leur environnement.
L’apprentissage en plein air, un levier pédagogique à valoriser
L’installation d’abris pédagogiques extérieurs ne doit plus être perçue comme un “plus”, mais comme une réelle réponse aux besoins éducatifs contemporains. En combinant bien-être, respect de l’environnement, innovation pédagogique et lien social, ces espaces réinventent l’école sans la dénaturer. Pour peu qu’ils soient bien pensés, entretenus et intégrés, ils constituent un investissement porteur de sens.
Alors que de plus en plus de communes et d’enseignants franchissent le pas, il est temps de mettre les abris pédagogiques au cœur des politiques éducatives locales. Apprendre sous les arbres, autour d’un jardin, ou dans une cabane en bois n’est plus une utopie. C’est une réalité en construction.